Madame S
C'est l'histoire de Madame S éleveuse de son état, éleveuse confirmée s'il en est : pensez-vous plus de vingt ans d’expérience.
Madame S se qualifie elle-même de proxénète et on peut effectivement, en s'appuyant sur le dictionnaire, la qualifier comme telle :
"Personne qui organise la prostitution d'autrui pour en tirer des revenus".
Synonymes : souteneur, maquereau
Madame S est une vieille de la vieille, une dure à cuire, formée à l'ancienne avec les méthodes du passé, une vraie, une pure, du temps où les animaux n’étaient pas considérés devant la loi comme des êtres "dotés d'une sensibilité".
"Tu as une bonne constitution, ma chienne, tu peux avoir une portée dès maintenant, à un an c'est suffisant" (heureusement qu'il y a la confirmation après 12 mois, sans quoi ce serait peut être à six mois aux premières chaleurs?).
Quelle expérience cette brave Madame S ! Quel savoir faire !
Le maître mot de Madame S est : "Il me faut du chiot", quelle belle philosophie, quelle approche respectueuse, quel amour partagé.
Madame S ayant été formée il y a bien longtemps et ayant autant d'années d’expérience n'a pas besoin de mises à jour de ses connaissances, pour quoi faire? Madame S sait !
Un petit calcul de rentabilité tenant compte de deux données essentielles et néanmoins basiques aurait permis de comprendre qu'il ne suffit pas d'augmenter le nombre de chiennes pour avoir un bon ratio "nombre de chiennes - nombre de chiots vendus" (n'intégrant pas ceux morts à la nurserie). Cela devrait ouvrir les yeux de madame S, mais il n'en est rien. Il serait également bon de tenir compte du bien-être animal, c'est essentiel en reproduction, tous les zoos le savent.
Madame S ne doit croire que ce qu'elle voit, c'est sans doute pour cette raison qu'elle ne tient pas compte de ces petits organismes si ridicules et si insignifiants que sont les microbes, bactéries, virus.
Mais alors pourquoi autant de pertes de chiots dans son élevage ? Un pourcentage très probablement plus du double, toutes races confondues, que celui enregistré au niveau national. Il ne suffit pas de dire : "Il ne tête pas, il ne passera pas la nuit de toute façon". Et si on donnait un petit bib toutes les deux heures, même la nuit, au lait bien riche avec colostrum histoire de mettre sur la bonne voie un nouveau-né qui a besoin d'un petit coup de main ?
Moi je dis qu'un petit nettoyage de la nurserie suivi d'une désinfection complète de temps à autre (voir systématique), des conditions d'accueil décentes des mères tant dans les chenils que dans la nurserie (plus d'1m2 ne parait pas être un luxe) ne peut pas faire de mal, un petit préau aux chenils peut-être qui devrait permettre aux chiens de se mettre à l’abri de la canicule et de la pluie ?
Céder des chiots avec une toux du chenil diagnostiquée par son vétérinaire et ne pas en tenir compte ne me parait pas être une bonne idée, pas davantage rentable. Pourquoi se rendre chez un vétérinaire si ce n'est pour avoir un avis de professionnel? Il ne suffit pas de trois comprimés prescrits par son médecin personnel et donc remboursés par la sécurité sociale pour régler un tel fléau. Soyons clairs : faire les choses décemment demande un peu de travail supplémentaire sans quoi un nombre trop important de reproducteurs devient vite difficilement compatible avec une qualité d’accueil et des chiots qui seront vendus bien dans leur tête, correctement sociabilisés.
C'est un peu le problème quand on s'éloigne de la volonté de départ : devenir éleveur d'une race que l'on aime… mais qui n'est pas forcément "rentable".
On finit par faire reproduire une race dont on a que faire et on se lance dans la dernière à la mode, celle qui se vend cher.
Avoir plus de considération pour son banquier que pour ses chiens pose inévitablement problème !
Je ne comprends pas : il ne viendrait à l'idée de personne d’élever un enfant dans ces conditions, alors pourquoi des chiens ? Que font les institutions ?!
Bien entendu toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées est purement fortuite.